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Historique
Dettwiller, une cité en mutation
Les origines
Les rois mérovingiens, pour gouverner leur vaste territoire, s’appuient sur l’Eglise et installent des abbayes qu’ils dotent de terres.
C’est ainsi que Dendunvillare est citée pour la première fois en 784 dans les possessions de l’abbaye de Wissembourg.
Cette petite localité sur la colline abrupte, Dendunvillare, devait être un petit village d’agriculteurs ou de pêcheurs dominant la vallée de la Zorn. Certains y ont vu un lieu d’observation de la voie celtique passant sur l’autre versant de la vallée.
En 820, l’abbaye de Wissembourg échange ses possessions à Dettwiller avec le Comte Hugues III de Dabo et de Tours, un des missi dominici de Charlemagne.
Au cours du XIè ou du XIIIè siècle, ces propriétés passent aux mains de l’évêque de Metz Jacques de Lorraine.
L’église de Dettwiller est citée pour la première fois en 1254 quand Jacques de Lorraine, évêque de Metz en attribue les droits au Chapitre de Ober-Hombourg.
En 1364, l’évêque de Metz autorise son vassal Lutzemann à vendre sa maison et ses droits à Dettwiller à Simunt de Lichtenberg. C’est ainsi que Dettwiller passe dans le giron des Comtes de Lichtenberg.
Peu de temps après, en 1396, la ville de Strasbourg s’empare du baillage de Herrenstein avec les villages de Dossenheim et de Dettwiller.
Les traces de cette appartenance sont visibles sur l’arc en plein cintre de la boucherie Will. Le bâtiment a été érigé en 1609 comme Laube, siège de toutes les réunions publiques.
Dettwiller subit les vicissitudes de l’histoire. Les Armagnacs, une première fois en 1439, puis en 1445, ils saccagent la commune et brûlent 40 personnes dans la tour de l’église. En 1525, les habitants de Dettwiller prêtent main forte aux paysans et sont massacrés par les troupes lorraines à Lupstein. Les veuves sont non seulement condamnées à une forte amende mais également contraintes de subvenir seules aux besoins de leurs familles.
En 1569, 1574 et 1587 des bandes de mercenaires passent à Dettwiller et causent d’importants dégâts.
La période des Comtes de Rosen
La guerre de Trente Ans (1618-1648) réduit la population de la commune à une vingtaine de personnes.
La ville de Strasbourg est également ruinée par cette guerre et doit vendre ses possessions. Le baillage du Herrenstein est acheté en 1651 par le comte Reinhold Von Rosen, général, originaire des pays baltes, et qui a fait fortune dans l’armée du roi de France.
Une grande partie du ban de Dettwiller était en fiche. Reinholt Von Rosen fait venir des immigrants suisses, de religion calviniste, pour repeupler la commune.
Le château de Herrenstein ne lui convient plus et il fait construire vers 1661, à l’extérieur du village de Dettwiller, un château avec dépendances.
Comme les terres situées en limite nord du ban étaient trop éloignées du village pour être exploitées facilement, il procède à des échanges de terre avec les paysans pour y placer ses propres terres. Il construit à cet endroit 7 fermes et 4 maisons de valets qu’il donne en location avec des champs à de métayers. Ce nouveau hameau porte son nom : Rosenwiller.
Son successeur Conrad Von Rosen autorise les habitants à construire un temple réformé.
D’un village agricole vers une petite cité industrielle
Le plus ancien équipement industriel connu est sûrement le moulin installé au bas du village sur la Zorn. Il est attesté dès le début du XIIIè siècle. Comme il appartenait aux Comtes de Hanau-Lichtenberg, il était appelé au XIVè siècle Hanauer Mühle. En 1852, lui est adjoint un moulin à billes. Celui-ci est remplacé en 1902 par une centrale électrique. Aujourd’hui il abrite les ateliers municipaux.
La ville de Strasbourg construit en 1612 un nouveau moulin sur la Mossel. Fin du XIXè siècle, il sera transformé en moulin à chaux pour écraser les pierres issues des fours à chaux installés par Knepper & Thirion au Grambihl (en direction de Gottesheim).
En 1863, un troisième moulin, l’Immenmühle ou Neu Mühle est construit sur la Zorn.
Après la révolution, le château est acheté par Jean-Frédéric Pfeffinger et Henri Zwingli qui y installent un atelier de filature et de tissage. La force motrice est prise au moulin et transmise au moyen d’un axe souterrain jusqu’au château.
L’activité avait cessée depuis un certains temps quand en 1845, la commune achète le château pour y installer l’école. Un autre atelier fonctionne toujours en 1842 dans les annexes du château sous la direction de Jean Daniel Roederer, neveu des Pfeffinger. Peu d’informations nous sont parvenues de ces ateliers. On sait que Roederer employait une vingtaine de jeunes de moins de 12 ans dont 4 de moins de 8 ans dans ses ateliers. Par contre, les ouvriers bénéficiaient gratuitement de soins.
La force motrice de la Zorn était également utilisée par une scierie située en limite de ban près de Steinbourg. Elle est attestée depuis le milieu du XIXè siècle. Aujourd’hui, elle est dirigée par Vincent et Pascal Schnepf et s’est spécialisée dans la transformation du hêtre.
Les guerres
Au cours des périodes récentes, Dettwiller n’a heureusement été épargné par les différents conflits.
L’hiver 1813-1814 est marqué par le passage des troupes lors de la fameuse retraite de Russie. D’abord les survivants de l’armée napoléonienne, puis les poursuivants russes qui ont failli incendier le village et auxquels la population a du livrer de la nourriture.
Lors de la première guerre mondiale, un hôpital militaire accueille et soigne des blessés. 200 habitants de Dettwiller sont incorporés et malheureusement beaucoup n’en reviennent pas.
La seconde guerre mondiale débute par le cantonnement à Dettwiller de troupes françaises et notamment de soldats d’origine sénégalaise. Les Allemands arrivent sans combats et Dettwiller devient une commune allemande. Les rues sont rebaptisées : Adolf Hittler Strasse, …
Le 22 novembre 1944, vers 11h arrivent les troupes françaises sous le commandement du Colonel Rouvillois. Quelques courts échanges de coups de feu, Dettwiller est libéré et les soldats poursuivent vers Saverne. Ils passent la nuit à Dettwiller. Dans la soirée, Leclerc prépare avec Rouvillois la charge victorieuse sur Strasbourg du lendemain. Par la suite, des soldats américains stationnent quelques jours à Dettwiller.
Le blason
"Porte de sable avec une faux d'argent emmanchée d'or"
En termes courants, cela signifie que l'écu est noir et la faux porte une lame blanche et un manche jaune.
Le blason de Dettwiller est étrange pour celui qui ne le connaît pas ... Pire : il lui fait souvent froid dans le dos. Un fond noir sur lequel est brandie une faux. C'est que les codes de couleurs et les symboles ont beaucoup changé depuis le moyen-âge.
Au moyen-âge, le blason est l'emblème, la signature et le sceau qui identifie et protège. En effet la majorité de la population est analphabète ; les armes - les emblèmes en général - sont un langage codé, qui permet la reconnaissance par les signes des personnes et de leur autorité.
L'héraldique ou science du héraut, celui qui annonce les messages et présente les officiels au moyen-âge, connaît deux périodes. Pour Michel Pastoureau (historien) la plus ancienne utilise peu de couleurs ("émaux") : argent (blanc), sable (noir), or (jaune) et gueules (rouge), et peu de "meubles". Une période plus récente développe des couleurs plus diverses : azur (bleu), sinople (vert), pourpre (violet) et davantage de meubles (en particulier les outils, emblèmes des métiers).
Le code de couleur et de signes (les émaux et les meubles, en héraldique) montre que le noir n'avait autrefois rien à voir avec la mort : c'était symboliquement la couleur de la terre. La faux, comme pour tous les métiers, c'était l'outil de travail du moissonneur, de celui qui faisait le regain ou les foins, puis l'oût.
Vers le milieu du moyen-âge, les villes acquièrent une autorité ; elles peuvent devenir protectrices de leurs habitants. C'est l'origine des communes, dont la désignation a ensuite été modifiée par la révolution. Mais la révolution, au moyen-âge, c'est qu'une communauté de personnes non nobles puisse disposer d'elle-même, protéger et secourir ses habitants. Dès lors elles disposent de leur blason : un emblème qui, par sa forme (un bouclier) montre sa capacité à protéger et défendre.
Celui de Dettwiller, autrefois partagé avec Dossenheim, est représentatif du travail de la terre (noir ou "sable") avec la faux (outil du moissonneur).
On est bien loin de l'image de la mort avec la faux qui s'est développée par métaphore lors des épidémies (avec la peste au XIVème siècle notamment), pour montrer que les gens mouraient comme tombaient les épis de blé ...