Le Ried de la Zorn

  

Les origines

La Commune de Dettwiller, près des premières collines sous-vosgiennes, présente un aspect autrefois courant dans toute l'Alsace : un paysage de Ried. Le Ried (de l'ancien haut-allemand riot, voir aussi l'anglais reed) désigne le roseau, la massette qui est la végétation caractéristique de ces zones de débordement des rivières, en lit majeur ou même dans les méandres de son lit, ancien ou actuel.

Ces zones humides, dont la protection est un objectif européen (par exemple en bord de Loire,  en Camargue bien sûr, mais aussi en Hongrie sur les bords du Danube) et bien au-delà, un enjeu mondial pour la préservation des espèces.

Les espèces animales ? Bien entendu. Mais aussi l'Homme : en effet la régularisation apportée par ces zones-tampons garantit à la fois la fertilité des terres mais aussi la qualité de l'eau. En effet ces zones de crues naturelles sont aussi un filtre naturel, et on sait que l'accès à une eau de qualité est la première condition d'une vie saine pour les êtres humains.

 

 

Les enjeux

Ces zones autrefois si fréquentes en Alsace sont devenues rares, asséchées par la rectification du cours du Rhin au milieu du XIXème siècle et par le développement consécutif des terres arables sur les zones marécageuses. On sait qu'à cause de cette rectification du cours du Rhin il y a plus de 150 ans, la Cathédrale de Strasbourg a failli s'effrondrer : en effet elle tenait sur un socle de troncs enfoncés dans les sables humides de la nappe phréatique qui avec la baisse du niveau a dégagé les billes de bois. Le bois humide avait commencé à se désagréger au contact de l'air et c'est par des injections de béton que le pire a pu être évité !

La Zorn ("colère" en allemand) est une rivière qui elle aussi a été rectifiée à la même époque que le Rhin, pour faciliter la construction de la voie ferrée vers 1850. D'anciens méandres restent apparents avec la plus petite crue, et même en saison sèche grâce à la photographie aérienne par exemple. Les tracés correspondent aux zones où l'herbe est plus verte.

C'est près de Rosenwiller que les plus belles zones de prés humides sont observables. Ceci dit, une grande partie de la commune - Dettwiller et Rosenwiller - est en zone inondable (voir la partie sur le PPRI, Plan de Prévention des Risques d'Inondation :  Inondations - PPRi).

 

Faune et flore

Surtout c'est une faune et une flore qui se sont raréfiées. Le courlis cendré, emblème du Ried, niche de moins en moins souvent dans les prairies humides. Cependant la renaturation de zones abritées laisse de bons espoirs ; un travail commencé avec le Conseil Général, la LPO et Alsace Nature suit son cours.

    Les chevreuils sont nombreux  ; néanmoins il faut être attentif et ne jamais s'approcher d'eux au cours d'une promenade. Les faons, tapis dans les herbes hautes des prés, sont délaissés par leur mère si une odeur humaine les a touchés. Ne les caressez pas, leur survie en dépend !

 

Un héron dans le Ried (Crédits photographiques : J-L. Klein / M-L. Hubert)

 Description sommaire (tirée du dossier monté par B. Fritsch) :

  • Le site étudié s’étend entre Steinbourg à l’Ouest et Dettwiller à l’est. Bien délimité par le CD 716 au Nord et la ligne ferroviaire Paris/Strasbourg au Sud, il occupe une superficie totale de 180 hectares (Ha) ;
  • Les crues annuelles de la Zorn inondent environ un quart de cette surface et environ la moitié lors d’une crue décennale soit 80 à 90 Ha ;
  • Les prés de fauche représentent les quatre cinquièmes de la surface totale de cette zone, soit 155 Ha. Le reste est partagé entre des terres cultivées (10 Ha) et des zones en friche : roselières, bosquets et mares,  soit environ 15 Ha ;
  • Les terres cultivées s’étendent principalement en bordure de la zone et ne sont que très rarement touchées par les crues ;
  • Le site étudié est parsemé de nombreuses dépressions de terrain qui forment autant de mares après la période des crues hivernales ; ces dépressions sont en fait, les vestiges de l’ancien lit de la Zorn, rivière rectifiée partiellement lors de la construction de la voie ferrée vers 1850 ;
  • Le cadastre découpe toute cette zone inondable en grands carrés qui correspondent à des lieux-dits ; ces quadrilatères sont souvent bordés de fossés de drainage plantés de haies qui représentent une longueur que l’on n’imaginait pas : sept mille deux cents mètres, soit plus de sept kilomètres, bosquets isolés non comptés, ce qui est tout à fait exceptionnel pour son intérêt écologique notamment pour l’avifaune.